Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de M. Arnold ! Celle-là est raide, et je n’y avais pas pensé. Ma pauvre Charlotte, je ne vous ai pas trop salé la partie la plus charnue de votre confortable personne ? Tu la soigneras, hein, Béchoux ? Oh ! quelques compresses rafraîchissantes, délicatement posées, et souvent renouvelées… »

Raoul inspecta les bords de la rivière et ramassa une longue bande de toile fine, composée de deux draps cousus bout à bout, et qui traînait d’une berge à l’autre en trempant dans l’eau.

Un large pli formait poche à la partie inférieure.

« Ah ! ah ! s’exclama-t-il gaiement. Voilà donc notre filet de pêche ! À nous les poissons d’or, Béchoux ! »


XIII

LE RÉQUISITOIRE


Les deux captifs s’allongeaient sur deux canapés du salon. M. Arnold, touché assez durement à la cuisse, exhalait des plaintes sourdes. Charlotte souffrait moins, quelques plombs seulement lui ayant cinglé le mollet.

Bertrande et Catherine les contemplaient avec stupeur. Elles n’en croyaient pas leurs yeux. Arnold et Charlotte, deux serviteurs dont l’attachement leur avait toujours paru sans limites, deux confidents, deux amis presque… c’étaient eux les coupables ? Ils avaient machiné toute la sombre aventure ? Ils avaient trahi, volé, tué ?

Béchoux, lui, montrait un visage décomposé et gardait l’attitude accablée d’un monsieur sur qui se sont appesantis les pires malheurs. Il se pencha