cet homme-là ait pu tuer le mari de Bertrande, c’est-à-dire de la fille même de grand-père ? Et pourquoi aurait-il agi ainsi ? »
Raoul prononça le plus tranquillement du monde :
« Je n’ai jamais prétendu qu’il eût tué M. Guercin.
— Alors ?
— Alors, expliquons-nous, dit Raoul avec décision. L’affaire est obscure, compliquée, débrouillons-la ensemble. J’ai idée que M. Arnold nous y aidera. N’est-ce pas, monsieur Arnold ? »
Le domestique, délivré de ses entraves par Béchoux, se tenait assis, tant bien que mal, sur un fauteuil. Son visage d’ordinaire indifférent et qui cherchait plutôt à passer inaperçu, montrait maintenant une expression de défi et d’arrogance qui devait être la véritable.
Il répliqua :
« Je ne crains rien.
— Pas même la police ?
— Pas même la police.
— Si on te livrait ?
— Vous ne me livrerez pas.
— C’est une sorte d’aveu que tu fais !
— Je n’avoue rien. Je ne nie rien. Je me moque de vous et de tout ce que vous pourrez dire.
— Et vous, sympathique Charlotte ? »
La cuisinière semblait avoir recouvré quelque courage en écoutant le sieur Arnold. Elle répliqua fortement :
« Moi non plus, monsieur, je ne crains rien.
— Parfait. Vos positions sont prises. Nous allons voir si elles correspondent à la réalité. Ce sera vite fait. »
Et Raoul, tout en se promenant les mains au dos, commença :
« Ce sera vite fait, quoique nous soyons obligés