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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/21

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que l’on me montra au bout du parc, entre deux rochers où elle a l’habitude de descendre dans l’eau, son peignoir de bain.

— Cela ne prouve pas…

— Cela prouve tout de même quelque chose. Et puis, je te l’ai dit, depuis plusieurs semaines elle était absorbée, anxieuse… Et alors inévitablement l’idée nous est venue…

— Qu’elle se serait tuée ? demanda paisiblement Raoul.

— C’est du moins ce que redoute sa pauvre sœur.

— Elle aurait donc eu un motif pour se tuer ?

— Peut-être. Elle était fiancée, et son mariage… »

Raoul s’écria, avec émoi :

« Hein ! quoi, fiancée… elle aime quelqu’un ?

— Oui, un jeune homme qu’elle a connu cet hiver à Paris, et c’est la raison pour laquelle les deux sœurs sont venues s’ensevelir au manoir. Le comte Pierre de Basmes habite avec sa mère le château de Basmes, dont dépendait jadis le Manoir, et qui est situé sur le plateau… Tiens, on l’aperçoit d’ici.

— Et il y a des obstacles au mariage ?

— La mère ne veut pas que son fils épouse une jeune fille qui n’a ni fortune ni titre. Hier matin une lettre de Pierre de Basmes fut apportée à Catherine. Dans cette lettre, que nous avons retrouvée par la suite, il annonçait son départ immédiat. Six mois de voyage que sa mère exigeait… Il s’en allait, désespéré, disait-il, et suppliait Catherine de ne pas l’oublier et d’attendre. Une heure après, c’est-à-dire à dix heures, Catherine s’éloignait. On ne l’a plus revue.

— Elle est peut-être sortie sans qu’on le sache.

— Impossible.

— Donc, tu crois au suicide ? »