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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/23

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à tort et à travers, comme une pie. On ne réfléchit bien que quand on se tait et qu’on se trouve en face de ses pensées, sans être importuné par des considérations oiseuses d’un hurluberlu qui enfile les mots les uns aux autres comme des grains de chapelet. »

Béchoux songea bien que ce discours s’adressait à lui et qu’il était l’hurluberlu qui jacassait comme une pie. Cependant, comme ils s’en allaient bras dessus, bras dessous, en vieux camarades qu’unissent une solide amitié et une naturelle estime, il demanda la permission de poser une question dernière, une seule question.

« Pose.

— Tu répondras sérieusement ?

— Oui.

— Eh bien, en bloc, quel est ton avis sur ce double mystère ?

— C’est qu’il n’est pas double.

— Mais si ! il y en a deux. D’abord la disparition de Catherine, et, ensuite, l’assassinat de M. Guercin.

— C’est donc M. Guercin qui a été assassiné ?

— Oui.

— Eh bien, cela fait un mystère. Où est l’autre ?

— Je te le répète. La disparition de Catherine.

— Catherine n’a pas disparu.

— Où serait-elle ?

— Dans sa chambre, en train de dormir. »

Béchoux regarda de côté son vieil ami et soupira. Décidément ce garçon ne serait jamais sérieux.

À ce moment, comme ils approchaient des grilles, ils aperçurent une grande femme brune qui, ne pouvant sortir du domaine que gardait un gendarme, planté près de la grille, leur faisait signe de se hâter.

Béchoux s’inquiéta aussitôt.