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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/50

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étaient puissantes et jetaient sur les allées et dans les massifs des plaques de lumière assez vives.

« Tiens, là-bas, dit Raoul… une silhouette…

— Oui, du côté de la serre en ruine… »

Elle bondissait, cette silhouette, par sauts désordonnés qui semblaient plutôt ceux d’une bête folle, et qui étaient certainement destinés à empêcher toute identification du personnage.

« Ne le lâche pas, enjoignit Raoul. Je cours dessus. »

Mais, avant qu’il eût enjambé le balcon, un coup de feu claqua, tiré d’en haut, de l’étage supérieur, indubitablement par le domestique Arnold. Un cri jaillit là-bas, dans le jardin. La silhouette pirouetta sur elle-même, tomba, se releva, tomba de nouveau, et demeura pelotonnée, inerte.

Cette fois Raoul se jeta dans le vide, avec des exclamations de triomphe.

« Nous l’avons ! Bravo, Arnold ! Béchoux, ne lâche pas la bête fauve avec ta lumière. Dirige-moi. »

Malheureusement, l’ardeur de la lutte ne permit pas à Béchoux d’obéir. Il sauta également, et, quand leurs lampes furent rallumées et qu’ils eurent atteint, près de la serre, l’endroit exact où la bête fauve, selon l’expression de Raoul, gisait, ils ne trouvèrent qu’une pelouse piétinée, foulée, mais pas de cadavre.

« Imbécile ! Crétin ! hurla Raoul, c’est de ta faute. Il a profité des quelques secondes d’obscurité que tu lui as octroyées.

— Mais il était mort ! gémit Béchoux, piteusement.

— Mort comme toi et moi. Tout ça, c’était du chiqué.

— Qu’importe, on va suivre ses traces dans l’herbe. »

Avec l’aide du gendarme qui les avait rejoints,