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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/53

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— De tout… sauf de la délicieuse Catherine, sur qui je veille.

— Je ne t’ai pas fait venir de Paris pour les beaux yeux de Catherine, et encore moins pour pêcher dans la rivière. Car voilà à quoi tu perds ton temps, à regarder un bouchon qui flotte. Est-ce que tu t’imagines que le mot de l’énigme est là ?

— Certainement, ricanait Raoul, il est à l’extrémité de ma ligne. Tiens, pige-le dans ce petit tourbillon… et plus loin, au pied de cet arbre qui plonge ses racines. Aveugle que tu es ! »

La figure de Théodore Béchoux s’illuminait.

« Tu sais quelque chose ? notre homme se cache au fond de l’eau ?

— Tu l’as dit ! Il a fait son lit dans celui de la rivière. Il y mange. Il y boit. Et il s’y fiche de toi, Théodore. »

Béchoux levait les bras au ciel, et Raoul l’apercevait aussitôt rôdant autour de la cuisine et se glissant auprès de Charlotte à qui il développait ses plans de campagne.

Au bout d’une semaine, Catherine allait beaucoup mieux, et, couchée sur sa chaise longue, put recevoir Raoul. Dès lors il vint chaque après-midi. Il la distrayait par sa bonne humeur et sa verve.

« Vous n’avez plus peur, hein ? Voyons, quoi, s’exclamait-il d’un ton à la fois comique et sérieux, ce qui vous est arrivé est tout naturel. Il n’y a pas de jour où ne se produise une tentative semblable à celle dont vous avez été victime. C’est courant. L’essentiel, c’est que cela ne se reproduise pas contre vous. Or, je suis là. Je sais de quoi notre adversaire ou nos adversaires sont capables, et je réponds de tout. »

La jeune fille resta longtemps sur la défensive. Elle souriait, rassurée, malgré tout, par les plaisanteries et l’air insouciant de Raoul, mais ne