Aller au contenu

Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
LA MESURE DES HEURES

s’avancer en robes diverses et changeantes, couronnées de fruits, de fleurs ou de rosée : d’abord celles encore diaphanes et à peine visibles de l’aube ; puis leurs sœurs de midi, ardentes, cruelles, resplendissantes, presque implacables, et enfin les dernières du crépuscule, lentes et somptueuses, que retarde, dans leur marche vers la nuit qui s’approche, l’ombre empourprée des arbres.

Seul il est digne de mesurer la splendeur des mois verts et dorés. De même que le bonheur profond, il ne parle point. Sur lui, le temps marche en silence, comme il passe en silence sur les sphères de l’espace ; mais l’église du village voisin lui prête par moments sa voix de bronze, et rien n’est harmonieux comme le son de la cloche qui s’accorde au geste muet de son ombre marquant midi dans l’océan d’azur. Il donne un