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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/158

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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

l’utilité, mais l’admet déjà spirituelle ou sentimentale. Il connaît des joies et des peines, des affections et des antipathies dont les objets peuvent se trouver dans l’imagination. Ainsi entendu, et capable de s’élever à une certaine hauteur au-dessus des conclusions de la logique matérielle, — sans perdre de vue son intérêt, — il paraît à l’abri de toutes les objections. Il se flatte d’occuper solidement tous les sommets de la raison. Il fait même quelques concessions à ce qui n’est pas sensiblement du domaine de celle-ci, je veux dire aux passions, aux sentiments et à tout l’inexpliqué qui les entoure. Il faut bien qu’il les fasse, sinon, les caves obscures où il s’enfermerait ne seraient guère plus habitables que celles où s’abêtit le morne « sens commun ». Mais ces concessions mêmes appellent l’attention sur l’illégitimité de ses prétentions à s’occuper de morale dès que celle-ci dépasse les pratiques ordinaires de la vie quotidienne.