Or, s’il peut avoir acquis la conviction que ces forces ont commis une erreur en attribuant à une volonté, à des ordres divins et précis, la plupart des phénomènes qui se manifestent en elles, s’il a le devoir de redresser les erreurs accessoires qui découlent de cette erreur initiale, en éliminant, par exemple, de notre idéal moral une foule de vertus stériles et dangereuses, il ne saurait nier que les mêmes phénomènes subsistent, soit qu’ils viennent d’un instinct supérieur, de la vie de l’espèce, infiniment plus puissante en nous que la vie de l’individu, ou de toute autre source inintelligible. En tout cas, il ne saurait les traiter de chimères, car, à ce compte, nous pourrions nous demander si ce juge suprême, débordé et contredit de tous côtés par le génie de la nature et les inconcevables lois de l’univers, n’est pas plus chimérique que les chimères qu’il aspire à anéantir.
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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE