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L’IMMORTALITÉ

ment établis ; ils déplaceraient simplement de quelques lignes, de quelques heures, le commencement du mystère. Si le fantôme d’une personne aimée, reconnaissable et apparemment si vivant que je lui adresse la parole, entre ce soir dans ma chambre à la minute même où la vie se sépare du corps qui gît à mille lieues de l’endroit où je me trouve, cela, sans doute, est bien étrange dans un monde dont nous ne comprenons pas le premier mot ; mais cela montre au plus que l’âme, l’esprit, le souffle, la force nerveuse et insaisissable de la partie la plus subtile de notre matière, peut se détacher de celle-ci et lui survivre un instant, comme la flamme d’une lampe qu’on éteint se détache parfois de la mèche et flotte un moment dans la nuit. Certes, le phénomène est étonnant ; mais étant donnée la nature de cette force spirituelle, il devrait nous étonner bien davantage qu’il ne se produise pas fréquemment et à notre gré, dans la plénitude de la vie. En tout cas, il n’éclaire