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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

des emménagogues. Les étamines, tranquilles et dociles dans la corolle jaune, attendent, rangées en cercle autour du gros pistil trapu. À l’heure conjugale, obéissant à l’ordre de la femme qui fait apparemment une sorte d’appel nominal, l’un des mâles s’approche et touche le stigmate, puis viennent le troisième, le cinquième, le septième, le neuvième mâle, jusqu’à ce que tout le rang impair ait donné. Ensuite, c’est dans le rang pair, le tour du deuxième, du quatrième, du sixième, etc. C’est bien l’amour au commandement. Cette fleur qui sait compter me paraissait si extraordinaire que je n’en ai pas cru, d’abord, les botanistes et que j’ai tenu à vérifier plus d’une fois son sentiment des nombres avant d’oser le confirmer. J’ai constaté qu’elle se trompe assez rarement.

Il serait abusif de multiplier ces exemples. Une simple promenade dans les champs ou les bois permettra de faire sur ce point mille observations aussi curieuses que celles