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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

mines et du pistil. Et beaucoup de fleurs y consentent. Mais pour beaucoup d’autres se pose, gros d’affreuses menaces, le problème, normalement insoluble, de la fécondation croisée. À la suite de quelles expériences innombrables et immémoriales ont-elles reconnu que l’auto-fécondation, c’est-à-dire la fécondation du stigmate par le pollen tombé des anthères qui l’entourent dans la même corolle, entraîne rapidement la dégénérescence de l’espèce ? Elles n’ont rien reconnu, ni profité d’aucune expérience, nous dit-on. La force des choses élimina tout simplement et peu à peu les graines et les plantes affaiblies par l’auto-fécondation. Bientôt, ne subsistèrent que celles qu’une anomalie quelconque, par exemple la longueur exagérée du pistil inaccessible aux anthères, empêchait qu’elles se fécondassent elles-mêmes. Ces exceptions survivant seules, à travers mille péripéties, l’hérédité fixa finalement l’œuvre du hasard, et le type normal disparut.