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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

Mais chaque espèce, chaque famille en modifie, en perfectionne les détails selon son expérience, sa psychologie et ses convenances particulières. L’Orchis ou Anacamptis pyramidalis, par exemple, une des plus intelligentes, a ajouté à sa lèvre inférieure ou labellum, deux petites crêtes qui guident la trompe de l’insecte vers le nectaire et la forcent d’accomplir exactement tout ce qu’on attend d’elle. Darwin compare très justement cet ingénieux accessoire à l’instrument dont on se sert parfois pour guider un fil dans le trou d’une aiguille. Autre amélioration intéressante : les deux petites boules qui portent les tiges à pollen et trempent dans la demi-vasque sont remplacées par un seul disque visqueux, en forme de selle. Si l’on introduit dans la fleur, en suivant le chemin que doit suivre la trompe de l’insecte, une pointe d’aiguille ou une soie de porc, on constate très nettement les avantages de ce dispositif plus simple et plus pratique. Dès que la soie a effleuré la