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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

tout à coup de l’inconnu. On croirait volontiers que les Cypripédiées ont tenu entre elles des propos analogues. Nous connaissons tous le Cypripedium ou Sabot de Vénus ; c’est, avec son énorme menton en galoche, son air hargneux et venimeux, la fleur la plus caractéristique de nos serres, celle qui nous semble l’Orchidée-type, pour ainsi dire. Le Cypripedium a bravement supprimé tout l’appareil compliqué et délicat des paquets de pollen à ressort, des tiges divergentes, des disques visqueux, des gommes savantes, etc. Son menton en sabot et une anthère stérile en forme de bouclier barrent l’entrée de manière à forcer l’insecte de passer sa trompe sur deux petits tas de pollen. Mais là n’est pas le point important ; ce qui est tout à fait inattendu et anormal, c’est qu’au rebours de ce que nous avons constaté chez toutes les autres espèces, ce n’est plus le stigmate, l’organe femelle qui est visqueux ; mais le pollen lui-même, dont les grains, au lieu d’être pulvérulents, sont