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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/93

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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

liquide que sécrètent les cornets et qui s’accumule dans la vasque de satin, n’est pas du nectar, et n’est nullement destiné à attirer les insectes ; il a une mission bien plus délicate, dans le plan réellement machiavélique de l’étrange fleur. Les insectes naïfs sont invités par les parfums sucrés que répandent les excroissances charnues dont nous avons parlé plus haut, à prendre place dans le piège. Ces excroissances se trouvent au-dessus du godet, en une sorte de chambre où donnent accès deux ouvertures latérales. La grosse abeille visiteuse, — la fleur étant énorme ne séduit guère que les plus lourds hyménoptères, comme si les autres éprouvaient quelque honte à pénétrer en d’aussi vastes et somptueux salons, — la, grosse abeille se met à ronger les savoureuses caroncules. Si elle était seule, son repas terminé, elle s’en irait tranquillement, sans même effleurer le godet plein d’eau, le stigmate et le pollen : et rien n’arriverait de ce qui est requis. Mais la sage Orchidée a