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L’AÏEUL.

J’ai froid. Silence. Les trois sœurs s’embrassent. Qu’est-ce que j’entends maintenant.

LE PÈRE.

Ce sont les trois sœurs qui s’embrassent.

L’ONCLE.

Il me semble qu’elles sont bien pàles, ce soir.

Silence.
L’AÏEUL.

Qu’est-ce que j’entends encore ?

LA FILLE.

Rien, grand-père ; ce sont mes mains que j’ai jointes.

Silence.
L’AÏEUL.

Et ceci ?…

LA FILLE.

Je ne sais pas, grand-père… peut-être mes sœurs qui tremblent un peu ?

L’AÏEUL.

J’ai peur aussi, mes filles.

Ici un rayon de lune pénètre par un coin des vitraux et répand, çà et là, quelques lueurs étranges dans la chambre. Minuit sonne et, au dernier coup, il semble, à certains, qu’on entende, très vaguement, un bruit comme de quelqu’un qui se lèverait en toute hâte.