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et respirable, parce qu’elle est rarement raisonnable et réelle.


IX.


Dans le temps, le génie à coup sûr, parfois le simple et honnête talent, réussissaient à nous donner au théâtre cet arrière-plan profond, ce nuage des cimes, ce courant d’infini, tout ceci et tout cela, qui n’ayant ni nom ni forme, nous autorise à mêler nos images en en parlant, et paraît nécessaire pour que l’œuvre dramatique coule à pleins bords et atteigne son niveau idéal. Aujourd’hui, il y manque presque toujours ce troisième personnage, énigmatique, invisible mais partout présent, qu’on pourrait appeler le personnage sublime, qui, peut-être, n’est que l’idée inconsciente mais forte et convaincue que le poète se fait de l’univers et qui donne à l’œuvre une portée plus grande, je ne sais quoi qui continue d’y vivre après la mort du reste et permet d’y revenir sans jamais épuiser sa beauté.