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chasses et voyages au congo

Lubero me rappelle encore deux rencontres intéressantes que nous y fîmes ; la première, celle de Prétorius, un des plus célèbres chasseurs d’Afrique qui compte à son actif plus de 400 éléphants ; la seconde, assez amusante par la manière dont elle se produisit, fut celle de M. Strumsa. J’ai dit que l’administrateur avait mis à notre disposition une habitation, mais sans nous dire à qui elle appartenait ; et nous avions cru que comme dans beaucoup d’autres postes, c’était le rest-house réservé aux étrangers de marque passant par Lubero.

Nous avions comme habituellement fait dresser nos lits dans l’une des pièces, réservant l’autre pour nous servir de salle à manger. Or le second soir de notre séjour, à l’heure du souper, nous voyons arriver un noble inconnu qui s’installe sans façon dans l’appartement contigu au nôtre et comme en voyage on lie vite connaissance, et que l’on ne s’encombre pas de vaines formules protocolaires, nous demandons au nouveau-venu s’il ne veut pas accepter de partager fraternellement notre repas, dont les apprêts sont justement terminés. Il accepte et au cours de l’entretien qui suivit, nous découvrîmes à notre grande stupéfaction, et à l’amusement de notre hôte, que c’est dans sa propre maison ou plutôt celle de la Société qui l’occupe, que nous avions trouvé l’hospitalité, et que l’administrateur, le croyant en voyage prolongé, avait cru pouvoir disposer de sa demeure pour nous l’offrir. Nous avons beaucoup ri de aventure, qui m’a remis en mémoire une réponse que j’avais entendu faire à Mme Empain quelques mois plus tôt, dans des circonstances analogues. Quelqu’un lui ayant fait une remarque qui lui avait déplu, elle avait demandé au quidam : Mais où croyez-vous donc être ? À quoi avec beaucoup d’à-propos il lui fut répondu par le propriétaire de la maison où elle se trouvait : « Mais chez nous, Madame ».

Pour en revenir à M. Strumsa, celui-ci, Italo-Suisse, est le grand chef de l’exploitation de la nouvelle route qui