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chasses et voyages au congo

fausse, mais en voyant ces maisons serrées les unes contre les autres de manière caractéristique et dont les toits de dimensions variées, ont pourtant tous une structure pareille, je pense involontairement aux broderies et aux dessins, ainsi qu’aux boites en laque et aux paravents japonais, et je revois en imagination les petits palais surannés des nobles Daïmios. Les jardins qui les entourent ne sont pour le moment que des champs de blé, mais on pourrait très bien, vu le résultat obtenu avec les fraisiers, introduire ici la culture de la pomme de terre et même d’autres plantes maraîchères.

Notre aimable hôte, l’administrateur Willemaert, chez lequel nous avons dîné hier soir, nous a du reste dévoilé son intention de faire des essais avec toutes sortes d’essences d’arbres venus d’Europe, le hêtre entre autres, ce qui serait intéressant pour le reboisement. En attendant il s’est contenté de planter des rosiers et nous admirons chez lui une haie énorme de rosiers grimpants en fleurs, de toute beauté. Un parterre d’œillets du poète roses et vivaces, entouré d’une bordure de géraniums et d’une espèce de plante grasse aux feuilles rouges, dont j’ignore le nom, s’étend devant l’habitation ; des capucines grimpantes s’enlacent aux troncs des tuyas qui plantés en allée, complètent l’illusion de ce jardin à la française sous l’Equateur.

En rôdant dans le poste ce dimanche matin, nous voyons les hommes qui flânent et qui fument assis dans leurs dock-chairs indigènes, tableau typique au Congo, tandis que les femmes circulent affairées, portant des charges de toutes espèces, et leurs gosses pendus à leurs mamelles ou ficelés dans leur dos ; l’ancien usage de déformer les têtes des nouveau-nés se perd dans la région et nous n’en voyons que fort peu qui ont le crâne allongé anormalement ; on me dit que peu à peu tend à disparaître cette coutume qu’on attribuait à l’intention de se mutiler pour échapper à l’esclavage et à la vente des noirs par les Arabes sur les marchés du Nord et de Zanzibar.