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chasses et voyages au congo

tâtonnant dans l’obscurité que nous avons fini par aborder.

Notre camp de Lulinda au bord du lac demeure un des plus jolis souvenirs de cette expédition ; à la lueur d’un grand feu que nous avions allumé sur la berge nous dressâmes nos tentes puis soupâmes joyeusement ; de loin en loin un éclair sur le lac nous rappelait les feux allumés par les pêcheurs sur leurs barques le long de la presqu’île de Burton. Malgré l’obscurité une lumière merveilleuse donnait à l’eau des reflets d’argent et le clapotis des vagues contre la berge avait un son moelleux qui nous berçait doucement. Le lendemain matin dès quatre heures le camp fut en rumeur et à cinq heures aux premiers rayons de l’aurore, nous nous rembarquions ; le lever du soleil sur le lac fut un rêve, et le ciel passa successivement par toute la gamme des tons depuis le vert jusqu’au rouge vif en passant par le lilas et par l’orange, et il faudrait être peintre pour pouvoir exprimer mieux que ne le font les mots, cette débauche de couleurs.


Du 10 au 15 janvier.

Jusqu’à onze heures, notre voyage sur la motogodille s’est poursuivi normalement, et nous pouvions espérer être rendus à Uvira pour une heure après-midi, mais tout à coup une panne du moteur nous remplit d’angoisse : que va-t-on faire, et quelle décision prendre ; déjà la brise commence à s’élever, et nous savons que dans peu de temps le vent soufflera en tempête ; vaut-il mieux gagner la côte, et remettre au lendemain la suite du voyage, car il est inutile de penser que nos rameurs en une seule étape fourniront l’effort nécessaire pour atteindre la distance qui nous reste à parcourir ; ou profiterons-nous du vent qui nous est favorable, pour hisser la voile et nous faire pousser aussi loin qu’il sera possible ? C’est à cette dernière solution que nous nous sommes arrêtés, et nous avons été bien inpirés, car sans autre effort que celui de maintenir la voile et de diriger le gouvernail, vers les quatre