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chasses et voyages au congo

hôte, pour nous rendre à Tchibinda la ferme expérimentale du Gouvernement, où l’on a organisé pour moi une chasse au gorille, mais où avant celle-ci nous assistons à une fête indigène monstre où nous voyons défiler les différentes tribus des environs. Plus d’un milier d’individus sont ici réunis, et tour à tour l’on nous montre les danses où évoluent en poussant des cris sauvages des troupes d’hommes nus et de’femmes qui ne sont guère plus habillées, les colliers en verroterie et surtout ceux en fil de laiton qui leur recouvrent les bras jusqu’aux épaules et les jambes jusqu’à la cuisse, constituant le plus clair de leurs toilettes. Et plus nombreux sont les colliers, plus grand est le signe de richesse, car tout récemment encore ils servaient comme monnaie d’échange : un gros collier valait une vache ou une femme par exemple ! Après les danses viennent des jeux divers où le tir à l’arc, le lancement du javelot et les sauts en hauteur me font une fois de plus penser à tout le parti que l’on pourra par la suite tirer de ces populations au point de vue des réunions olympiques.

Mais ce qui nous intéresse le plus, c’est la connaissance que nous faisons des Batuas, qui ont mission, paraît-il de me conduire à la recherche des gorilles. Les Batuas ou Pygmées de la région, déjà connus des Anciens, sont la race autochtone de la contrée, contrairement aux Bantus qui sont des immigrés, et tels leurs frères du Kasai et de l’Uelé, ils se cachent dans les forêts qu’ils habitent et y vivent du produit de leurs chasses. Ils sont de petite taille, mais pas des nains à proprement parler et mesurent 1 m. 40 à 1 m. 50, les femmes n’atteignent guère qu’un mètre trente ; ils sont farouches à l’excès mais pas méchants, et je conserve le meilleur souvenir de l’équipe mise à ma disposition pour la chasse que je vais entreprendre. Située à 2.070 mètres d’altitude, la ferme de Tchibinda où nous sommes campés jouit d’un panorama merveilleux sur tout le pays qui s’étend jusqu’au bord du lac Kivu. Au premier plan et tout autour de nous s’étendent les champs d’essais,