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chasses et voyages au congo


Le Parc Albert

Le lendemain 3 février à 9 heures nous traversons le pont et faisons notre entrée dans la Réserve et nous avons à peine marché pendant une heure que j’ai la chance de voir et de tuer un cynocéphale record ; à midi j’abats un gros hippo femelle et dans l’après-midi je fais encore un double de waterbucks. Cela promet ! Ma femme de son côté aperçoit un phacochère monstre, mais elle le manque malheureusement.

Nous cheminons toute la journée sur un sentier assez large qui sera le tracé de la future route et qui longe à droite presque continuellement le cours de la Rutschuru ; celle-ci est dissimulée par un épais rideau de palmiers et de buissons, mais de place en place une brèche dans la verdure nous permet de nous en approcher, et de contempler les hippos qui foisonnent dans ces lieux. À notre gauche, et s’éloignant ou se rapprochant tour à tour, la ligne des montagnes nous accompagne en fuyant devant nous. Vers le soir, et avant d’arriver à l’étape que nous avons fixée un peu lointaine pour n’avoir pas besoin de décamper le jour suivant et pouvoir rester au même endroit aussi longtemps que la chasse nous y favorisera nous voyons horizon s’empourprer, et tel un torrent de lave incandescente, le feu avec une rapidité vertigieuse descend des hauteurs et poussé par la brise, court, vole pour ainsi dire d’un mamelon à l’autre en dévorant herbes et buissons qui se trouvent sur son passage, ne laissant derrière lui qu’un amas de cendres et un terrain entièrement calciné. Il faut s’être trouvé entouré de flammes qui viennent lécher les abords du chemin, mais s’arrêtent généralement devant celui-ci et avoir entendu de tout près le crépitement sinistre du feu qui a quelque analogie avec le craquement d’une mit railleuse, pour se rendre compte de la beauté ou de la sublime horreur d’un pareil spectacle. Malgré soi on pense au feu de la Géhenne et l’on se sent tout petit devant le