vons avec joie des nouvelles du gros de nos bagages, que nous avions laissés derrière nous à Rutshuru et qui devaient nous rejoindre au moment où nous arriverions à l’escarpement ; le téléphone indigène nous avertit qu’une caravane est campée à peu de distance de la nôtre ; ce sont en effet les précieuses charges que nous avions confiées à l’Administrateur et que nous sommes tout heureux de retrouver.
Ce matin dès six heures nous les voyons défiler en bon ordre, tandis que nous-mêmes préparons le départ : cette fois nous allons dire adieu à la Réserve de chasse et à son aimable gardien, M. Hemeleers qui a tenu à nous accompagner jusqu’à la frontière de son domaine, et que nous ne quittons pas sans un petit serrement de cœur et quelques regrets : sait-on jamais si l’on se retrouvera un jour sur cette terre ? Aussi nos adieux tels ceux de Fontainebleau, furent-ils empreints d’une certaine émotion, joints à la plus franche cordialité. À 8 h. 1/2, ayant ainsi pris congé les uns des autres, chacun tirant de son côté, nous nous mîmes en marche pour aller camper au pied de l’escarpement que nous devons gravir demain seulement. Nous suivons une belle piste dont le tracé ne nécessitera pas de grands travaux pour devenir une route praticable aux autos ; elle est bordée des deux côtés de petits buissons à fruits ronds couleur citron qui forment comme des boules jaunes et me rappellent l’Abyssinie. À onze heures, juste avant d’arriver à Kabasha, l’endroit où nous devons camper, la brousse se fait moins dense et nous traversons une espèce de savane plantée de mimosas, assez clairsemés pour voir le gibier qui s’y tient ; nous apercevons à une certaine distance un bon Waterbuck qui nous regarde et se croit caché par le mimosa derrière lequel il s’est réfugié. Laissant les tippoyes nous attendre sur la piste, nous nous approchons dei notre proie comme des Sioux en rampant