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chasses et voyages au congo

haut, tout à coup, sans que rien ne nous y ait préparés, un orage d’une violence inouïe vient m’en arracher ; en un clin d’œil nous nous trouvons pris au centre de la tornade, tandis que les éclairs suivis de coups de tonnerre retentissants sillonnent le ciel sans discontinuer ; une pluie torrentielle mêlée de grêlons comme j’en ai rarement vus, alternant avec des rafales de vent, secoue impitoyablement nos tentes qui à chaque instant menacent d’être arrachées avec les piquets qui les retiennent. C’est miracle qu’elles résistent, et heureusement l’ouragan n’est pas de longue durée et s’en va presque aussi vite qu’il était arrivé. Le calme renaît, le ciel se dégage des lourds nuages qui, il y a un moment seulement, l’obscurcissaient tout entier, et des lueurs roses au couchant nous annoncent que pour aujourd’hui la nature s’est apaisée : une femme passe devant nos tentes portant son gosse assis à califourchon sur sa hanche, et une cruche sur sa tête ; elle va chercher de l’eau au ruisseau pour préparer la soupe du soir, et nous allons rendre visite aux contremaîtres chargés des travaux de la route, MM. Corin et Rossignon qui nous offrent le whisky traditionnel et nous apprennent les dernières nouvelles de la brousse : il paraît que l’auto chargée de nos bagages a versé dans un fossé, et que le chauffeur, assez mal arrangé, a dû être hospitalisé en cours de route : j’avais bien dit que le seul animal vraiment dangereux dans ces parages était l’automobile !