l’avant, n’a été que légèrement blessé, mais assis sur les bagages, j’aurais été infailliblement tué. Décidément, je préfère les porteurs noirs à la traction mécanique, et je me dis que nous avons eu de la veine d’avoir au dernier moment changé nos projets, et décidé de suivre nos colis plutôt que de les précéder, ainsi que nous avions d’abord pensé le faire.
Après cette gymnastique dangereuse, le reste de la route ne nous paraît plus qu’un jeu d’enfant ; et dégagés du souci immédiat de l’accident toujours possible, nous pouvons de nouveau prendre de l’intérêt aux détails du pays que nous visitons ; de loin en loin des huttes rondes, disséminées dans la montagne et cachées dans les mimosas, font penser aux villages japonais, puis nous traversons une belle forêt où les bambous alternent avec les fougères arborescentes ; celles-ci atteignent parfois des hauteurs variant entre 5 et 6 mètres et puisent leur fraîcheur et leur force à un ruisselet ou fossé d’eau qui borde le chemin et nous berce de ton murmure cristallin.
Partout les érythrines à grappes rouges égayent d’une note flamboyante le paysage, et à 2 h. 3/4, nous avons tout à coup dans une échappée sur la vallée, une belle vue sur Lubero.
Arrivés hier à Lubero, nous nous réveillons ce matin avec une impression d’Europe : un brouillard intense nous cache la vue du poste, et l’on pourrait se croire en Ardenne. Nous ne sommes pourtant qu’à 1.925 mètres d’altitude et le thermomètre marque 18° ce qui fait que le froid n’est que relatif, mais pour l’Afrique et tout près de l’Equateur comme nous le sommes, il est pourtant surprenant de avoir pas plus chaud. Depuis Dar-es-Salam, jamais il ne m’est arrivé de dormir sans couverture, et cette nuit, malgré deux couvertures, deux burnous, un sweater et une ceinture en flanelle j’ai encore senti la fraîcheur. Jamais comme au Soudan ou en Abyssinie, il ne nous est arrivé de dîner