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chasses et voyages au congo

hissent tout et longtemps encore après avoir laissé derrière soi ce nuage, on retrouve l’une ou l’autre de ces bestioles attardées dans un coin, où elle s’est glissée et d’où elle n’a pu tout de suite ressortir. On comprend parfaitement tout le ravage qu’une nuée importante de ces sauterelles s’abattant sur un champ peut y produire en peu de minutes, et que ce fléau qui visite régulièrement certaines parties d’Afrique ou d’Amérique ait été classé parmi les sept plaies d’Égypte.

Nous notons encore au passage le toit des huttes qui affecte une forme spéciale, et qui fait penser à une jupe dont les plis reposent les uns sur les autres et vont en se rétrécissant jusqu’au sommet, et l’aspect des femmes aux nichons plantureux, entièrement nues, sauf une feuille qui sert de cache-sexe, et qui découpée en lanières, comme du papier d’emballage, forme panache et se termine en queue par derrière.

À midi nous arrivons à Djugu et y rencontrons un compatriote M. H. qui a eu à se plaindre de l’Administration belge, et me fait ses doléances pendant que nous cassons la croûte ensemble au bord de la route ; je lui promets de m’occuper de son cas au retour, et d’aller trouver les différentes autorités qu’il m’indique pour tâcher d’obtenir qu’il lui soit rendu justice mais je ne sais si mon intervention pourra être de quelque utilité en faveur du pauvre diable… Au moment de nous quitter, je sentis à son étreinte qu’il pensait à ce moment à la Mère Patrie et au pays que moi j’allais revoir et lui pas : Jrach Allah !

Après cet intermède nous repartons et passons peu après devant Nioka ferme gouvernementale où l’on essaye l’élevage des chevaux et, en longeant la clôture en fil de fer, nous voyons brouter dans l’herbe quelques sujets, mais avons pas le temps de nous arrêter pour approfondir leur connaissance, car le chemin à parcourir jusqu’au soir est encore fort long, et nous ne pouvons plus songer à faire l’école buissonnière.