Aller au contenu

Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
chasses et voyages au congo

6-7 mars.

Partis à 6 h. 1/2 nous reprenons notre route à travers la forêt, qui se poursuit monotone comme la veille, et nous arrivons vers deux heures à Binja sur la rivière Kadje, qui est le village principal et siège habituel de Tomba, où cette fois nous espérons bien le rencontrer. Une nouvelle déception nous y attendait. Tomba et son fils Badia sont partis pour Dungu, et seules ses femmes de deuxième catégorie sont restées ici ; il y a bien un vague fils barbu, jouant au chef, qui se présente à nous, mais ne nous inspire pas grande confiance, et j’envoie un mot à l’adjudant d’Offermann, qu’on me dit être dans la brousse à un jour d’ici, occupé à capturer des éléphants.

En attendant sa réponse et pour occuper nos loisirs, nous nous décidons à suivre l’homme barbu qui s’est offert à nous conduire, et de six heures à midi nous faisons, le lendemain, une promenade assez inutile à travers des plantations de manioc, alternant avec des coins de forêt ; un moment nous avons vaguement cru voir l’ombre d’un buffle, mais rien du rhino. Nous consacrons le reste de la journée à des études de mœurs, car nos tentes sont plantées au beau milieu du village, et nous pouvons à loisir observer tout ce qui s’y passe. Ce qui nous frappe surtout c’est la quantité invraisemblable de femmes qui sont ici rassemblées, alors qu’on voit seulement quelques rares hommes et encore ceux-ci ne semblent-ils pas habiter la localité. C’est d’ailleurs la caractéristique des agglomérations que nous traverserons dans toute cette partie du pays, et lorsque nous nous informons du pourquoi de cet état de choses, l’on nous dit que les hommes sont partis pour travailler eu ville : on construit en ce moment une église à Faradje et il paraît que la population mâle est embauchée pour ce travail ou d’autres analogues.

Je crois plutôt et la chose m’a été confirmée ailleurs, que ce que nous voyons ici, c’est le harem, ou plutôt la maison du grand chef Tomba, qui a comme épouses, c’est-