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chasses et voyages au congo

Messageries automobiles, qui déjà fonctionne régulièrement et promet un bel avenir à ces régions du Nord de la Province Orientale. Nous arrivons le soir à Bambili pour y passer la nuit.


Dimanche de Pâques, 31 mars.

Nous avons eu un gros orage cette nuit, mais ce matin un gai soleil nous promet une belle journée et nous nous remettons en route à 8 heures du matin ; nous traversons encore toujours la forêt, coupée de loin en loin par des plantations ; celle de Bambessa est exploitée par l’État. Le pays est riche et a l’air prospère ; les routes sont belles et bien entretenues ; les maisons des ouvriers ne sont plus de misérables huttes de branchages, mais des constructions en matériaux durs, moellons et mortier ; elles sont en général de forme carrée avec une avancée formant vérandah, et sont couvertes avec des feuilles d’une espèce spéciale, prises dans la forêt et qui ne ressemblent ni à de la paille, ni aux matetés ; l’alignement en est parfait, et l’on croirait voir l’établissement d’une colonie modèle pour exposition, plutôt qu’un campement d’indigènes, mais ceux-ci occupent-ils réellement ces maisons trop différentes de celles qu’ils sont accoutumés à habiter depuis des siècles ? et je me suis laissé dire que derrière la villa qu’on leur a construite, ils ont bâti eux-mêmes la hutte chère à leur cœur, et dans laquelle ils s’entassent comme précédemment pour y dormir et y avoir chaud ! Quoi qu’il en soit, la population paraît être à son aise s’il faut en juger par le luxe de toilette qu’elle déploie. Hommes et femmes rivalisent à l’envie pour le choix des vêtements et des couleurs et c’est par leur amour de la toilette, ce côté faible des nègres, qu’on a pris ces grands enfants, et qu’on leur a créé et imposé des besoins dont ils n’avaient pas conscience avant l’arrivée des Blancs. Comme dans les autres centres de colonisation, j’admire le ton chatoyant des étoffes, il y a