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chasses et voyages au congo

fices intéressants, il s’est créé dix, vingt sociétés analogues, dont le besoin ne se faisait pas sentir, et qui sont destinées à crever de faim et à disparaître. À côté de cela il y a la concurrence des marchands portugais qui d’un bout à l’autre du Congo drainent le commerce à leur profit ; le Portugais est un commerçant né, il a cela dans le sang, comme le Grec d’ailleurs aussi, et comme en outre, il est habitué à vivre de peu, se contentant très souvent de la nourriture indigène, il peut vendre ses marchandises meilleur marché et à un prix très inférieur à celui de ses concurrents.

Ensuite il y a la question des indigènes et celle de la main-d’œuvre. Pour l’éducation des noirs on est unanime : il faut créer des écoles professionnelles et leur apprendre à travailler, mais il est inutile d’en faire des clercs en leur enseignant à lire et à écrire, et en cela il y a peut-être un reproche à faire aux Missions qui sous d’autres rapports sont admirables et rendent les plus grands services à la Colonie. Preque tous les clercs ou chrétiens sortis des Missions ne valent pas cher : ce sont en général des hypocrites qui n’ont adopté la nouvelle religion que par intérêt, et qui retournent à leurs anciens errements dès qu’ils n’ont plus besoin de l’assistance de ceux qui les ont élevés. Dans les écoles professionnelles par contre, on a obtenu des résultats magnifiques, et les nègres qui au début ne s’y comportaient guère mieux que des singes arrivent au bout de deux ou trois mois à être plus adroits que les blancs ; c’est qu’ils ont un incroyable esprit d’observation et d’imitation, mais il en est malheureusement de même quand ils copient le blanc pour ses défauts sans en prendre les qualités.

Par nature, l’indigène, et surtout l’homme, est fainéant et considère qu’il est en ce monde pour n’y rien faire ; tout au plus admet-il qu’il peut aller à la chasse ou à la pêche qui sont des métiers nobles qui lui conviennent, mais pour le reste c’est à la femme qu’incombe d’accomplir tous les plus rudes travaux dans la tribu ; aussi le type du nègre étendu dans son fauteuil, occupé à fumer sa pipe et à se