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chasses et voyages au congo

fonds de sable qui en augmentant, rendent au fleuve sa teinte orangée.

Nous arrivons à Bolobo, qui outre sa mission anglaise protestante et son hôpital pour noirs, a la spécialité de fournir aux passagers du bateau toute la camelote indigène qu’ils s’empressent d’acheter pour se procurer les nombreux « souvenirs » dont ils auront besoin en revenant en Europe : cannes et parapluies en ébène ou borassus à manches d’ivoire, fume-cigarettes, bracelets, ronds de serviettes, que sais-je encore ? Nous ne contrevenons pas à l’usage et faisons une ample provision de bimbeloterie, car on nous dit que plus loin, nous n’en trouverons plus et ce dire s’est trouvé confirmé.


16 avril.

Nous avons passé la nuit à l’ancre, mouillés contre la verdure d’une île, et bientôt les ondulations de terrain et les collines que nous avions à l’avant du bateau se rapprochent et la vue se rétrécit. À midi nous entrons dans le chenal et atteignons Kwamouth au seuil de l’embouchure du Kasai, qui en s’engloutissant provoque ici de formidables remous, le courant est tellement fort qu’on a comme le sentiment qu’il pourrait renverser le bateau, ou le jeter à la rive où de nombreux rochers barrent le passage à cet endroit : ce sont les gorges du Kwa et les hommes de l’équipage taillés en Hercules plongent et nagent autour du bateau ayant au cou les lourds cables qui servent d’amarres au « Luxembourg ». C’est pittoresque à souhait mais on n’est pas fâché quand on a franchi cette passe dangereuse, et qu’on retrouve de l’autre côté un paysage d’aspect tout à fait riant et inattendu : le fleuve dans le chenal n’a guère plus que 1.800 mètres de large, c’est la plus petite largeur de son parcours et rappelle le Rhin, du temps où ses côtes étaient boisées et pas encore recouvertes de vignobles, et ce qui contribue à nous y faire penser, ce sont les falaises et les rochers des montagnes qui à l’avant, se couvrent