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chasses et voyages au congo

arbres ; d’ailleurs on a le sentiment que ce n’est pas l’avion qui monte, mais les ondulations du sol qui varient la hauteur.

À 10 heures 45 nous montons à 2.800 pieds, et sommes au-dessus de Kisanta où se trouve un terrain d’atterrissage ; il y en a du reste parait-il un tous les 10 kilomètres. Nous redescendons à 2.500 p. et le paysage continue à se dérouler uniforme, quand tout-à-coup je me remémore des cartes, vues autrefois dans une des salles du Vatican, qui entièrement peintes et enluminées, représentaient l’Afrique comme une immensité verte avec en relief de nombreuses montagnes, coupées de quelques cours d’eau. Le terrain que nous avons sous les yeux, me rappelle singulièrement ces cartes naïves ! À 10 h. 50, nous sommes au-dessus de Thysville, nous voyons les toits de chaume et les murs brillants des huttes indigènes recouverts avec les parois des vieux bidons, puis la gare et quelques carrés réguliers dans lesquels ont l’air de nager des villas isolées ; la voie du chemin de fer au sortir de la gare serpente bêtement et contourne des obstacles que nous ne pouvons discerner et qui ne semblent pas exister : un pont sur un ruban d’eau de couleur jaune, pas bleue, a l’air d’un jeu d’enfant, et me rappelle vivement ces jouets qui ont fait le bonheur de notre enfance, où un train en miniature roulait sur de vrais rails avec des ponts, des tunnels, des signaux, et une gare comme celles des grandes personnes.

Mais voici un aspect de Luna-Park et de montagnes russes en réduction, c’est qu’il y a des vraies montagnes à franchir, et les tranchées par lesquelles passe le convoi donnent l’impression qu’il tombe brusquement d’un trou dans un autre ; puis une rivière rouge qui déborde, nous fait penser qu’il doit y avoir eu un gros orage dans la montagne cette nuit. Nous marchons « full speed », et dépassons les 160 milles ; du moins l’aiguille du compteur a dépassé le dernier numéro de la montre marquant les vitesses, et alors on ne sait plus. Le ciel est uniformément couvert, et les