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chasses et voyages au congo

des courants d’air. Ce mode de ventilation charmant, plein de couleur locale et silencieux, est malheureusement remplacé depuis peu par des ventilateurs électriques au souffle moins caressant et beaucoup moins doux, dont le ronflement brutal détonne dans une ambiance orientale. Car Djibouti est moitié Hindou, de même que Mombaza, Zanzibar, Dar-Es-Salam, et beaucoup d’autres villes de l’Est Africain. Mohammed-Ali, Hindou comme son nom l’indique, dont l’action s’étend de Bombay au Soudan, en passant par Colombo, Djibouti et Addis-Abeba, vend de l’aboudjèdite aux indigènes : le calicot écru, qu’il importe des Indes avec d’autres objets pour son commerce, et qui habille uniformément de blanc Abyssins et Abyssines du haut en bas de l’échelle sociale depuis les Dedjaz jusqu’aux plus petits chefs. À la fin du compte cela fait un certain métrage ! Aussi est-il fort riche, certainement multi-millionnaire, et l’enseigne de ses magasins trône dans toutes les villes de cette partie de l’Afrique orientale. En même temps, tandis que autres Hindous, moins puissants, prêtent à la petite semaine, lui-même joue au banquier. Car les Hindous sont des banquiers nés, et si le petit commerce, en Abyssinie et au oudan, est aux mains des Grecs, ce sont eux qui monopolisent celui de l’argent. Et cela n’a rien que de naturel quad on songe qu’il n’existe que deux maisons de banque : a Djibouti, la Banque d’Indo-Chine, à Addis-Ababa la Bank of Abyssinia. Une fois franchies les montagnes qui barrent à l’ouest le ciel de la Colonie Francaise, le papier monnaie, les chèques, les notions européenns de finance et de crédit n’ont plus cours. Le thaler de Marie-Thérèse règne en maître absolu et incontesté. Bientôt même, à l’intérieur, les cartouches de fusil gras, puis les barres de sel gemme le remplacent. Personne ne sait expliquer comment, ni pourquoi, dans la seconde moitié du xviiie siècle, cette monnaie impériale et archiducale portant la date de 1753 et provenant d’un pays rien moins que colonial, s’est imposée à toute la côte des Somalis, en Abyssinie et jusqu’au cœur