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III

OST-AFRIKA

Samedi, le 17 novembre.

Toute autre ville serait en liesse, les Anglais sont plus calmes. On vend à la gare des médaillons ornés de rubans bleus, avec la photographie du Prince de Galles. Trois trains spéciaux vont quitter Dar-Es-Salam pour emmener le gouverneur et les autorités à un point de la ligne, où ils doivent aller saluer le fils de leur souverain.

La ligne de chemin de fer est une création allemande, construite dans un but stratégique et terminée, chose curieuse, en 1914, et inaugurée le 15 août. Le prince impérial avait annoncé sa visite pour l’inaugurer, se doutant peut-être bien qu’il ne serait pas libre à cette époque. Destinée à relier la côte au futur « Central-Afrika », elle n’a servi qu’à la retraite, comme chez nous celle d’illustre mémoire, raccordant Œtrange à Bettembourg-Berchem. Malgré l’encombrement fatal de la voie, le train démarre vigoureusement à l’heure, silencieux, sans coups de sifflet ; il traverse un pays désertique, qui, des fenêtres du wagon, semble inhabité, mais pour en juger il faudrait connaître le recensement ; d’autres voyages en chemin de fer, par des contrées tout aussi arides, en Abyssinie, révèlent une population plus dense, partout la brousse épineuse y est lézardée de sentiers, à tout moment des guerriers nus armés de lances, des bergers nomades, des femmes surgissent sur le talus, pour contempler le train. Ici pas ou peu de villages ! Ce qui frappe c’est le manque d’indigènes, le vide, animé