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chasses et voyages au congo

30 novembre.

Nous nous remettons en route par un temps resplendissant ; le lac tout argenté nous renvoie les rayons qui ainsi multipliés transforment bientôt en une véritable fournaise notre maison mouvante ; nous naviguons sur ce qui semble du métal fondu et bientôt un assoupissement général est le résultat de la trop grande chaleur qui nous accable ; à midi nous avons certainement plus de 50 degrés, et nous décidons de faire halte un moment. Aussitôt tout l’équipage de se précipiter à l’eau pour se rafraîchir, et nous assistons au bain de ces messieurs et de ces dames, car je crois ne pas l’avoir dit encore, nous sommes accompagnés dans notre voyage par trois femmes de couleur, épouses légitimes ou non de nos hommes de police et de l’un de nos boys : le noir, étant paresseux avant tout, ne se met jamais en route sans emmener une personne du sexe dit faible, pour le servir et le décharger de tous les soins domestiques. Les jeunes personnes qui nous accompagnent sont vêtues d’un pagne aux couleurs voyantes, qu’elles serrent de telle sorte au-dessus de leurs seins que ceux-ci en sont complètement aplatis, et peut-être est-ce là une des raisons pour lesquelles les négresses même jeunes, ont la poitrine si tôt déformée ? Autour de la tête, elles se nouent avec art un fichu qui forme turban et qu’on rencontre dans presque tout le Congo où le Blanc a pénétré. Celles qui n’ont pas de turbans sont coiffées différemment selon les régions ; ici nous retrouvons les petites tresses collées contre la tête comme nous en avons déjà vu au pays Somali en Abyssinie. Après s’être lavées elles-mêmes et leurs pagnes, nos jeunes beautés ont mis le tout à sécher au soleil sans rien cacher de leur anatomie, et tandis que nous déjeunons à l’ombre d’un palmier, nous assistons d’un œil amusé à cette scène des temps bibliques qui n’a rien d’inconvenant dans sa naïve simplicité.

Au loin nous avons vu un gros point noir se profiler sur le lac : on dirait un morceau de bois, pour des