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II

SUR LA LUAMA

En tippoye
6 décembre.

Enfin nous voici en route pour notre première expédition de chasse sérieuse ; nous quittons Fissi montés sur nos tippoyes et suivis de nos quatre-vingt-dix hommes portant nos charges. Nous traversons un pays de collines alternant avec des plaines de hautes herbes au sol marécageux qui dévalent devant nous jusqu’au pied des montagnes dont le cirque barre l’horizon. De temps en temps une termitière pointe à travers l’herbe nouvelle, et des acacias parasols surgissent parmi les roseaux, tels des champignons monstres. Tout est vert et frais et l’on dirait presque un paysage de chez nous, tant l’aspect de ces prés me rappelle celui de nos parcs à bestiaux : c’est que nous sommes au début de la saison des pluies, et maintenant presque chaque jour une bonne ondée va venir désaltérer la terre, mais en même temps transformer en marécage tous les proches environs ; la température est lourde et humide tout ensemble, et l’on se croirait en serre chaude.

Après avoir cheminé quelque temps à travers une brousse plantée d’arbres, « l’open forest » des Anglais nous arrivons à une espèce de ruisseau stagnant formant mare qu’il nous faut passer en pirogue au milieu des papyrus qui l’entourent, puis continuant notre route, qui nous mène par une plaine de bambous et de nombreux petits ruisseaux