Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/121

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me les réclama, fut indigné : il consulta mon grand-père, et tout un conseil de famille s’occupa un soir de mon affaire.

— Le petit ne peut pas, dit mon père, aller se plaindre à M. le curé, parce que des fois que ce serait lui qui aurait supprimé les deux sous, il serait offensé.

— Et si c’est la vieille Sophie qui les a carottés, dit ma mère, elle giflera le petit.

Mon grand-père, qui n’était pas une bête, trouva le joint.

— Tu vas, me dit-il, aller te confesser à M. le curé : tu lui diras que tu t’accuses d’avoir péché par colère contre la vieille Sophie parce qu’elle t’a envoyé à la ville sans rien te donner.

Cela réussit parfaitement.

— Comment ? dit le curé. Vieille coquine ! elle me les a comptés chaque fois. Délie-moi du secret de la confession et je vais lui parler, moi, à Sophie.