Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/158

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britannique dans ce secteur. Il souhaita donc bonne chance aux Lennox et les quitta pour un jour.

Il passa la nuit dans le jardin du petit château qu’habitait le général ; le bombardement roulait sans interruption. Aurelle se promena dans les allées de ce parc qui avait été beau, mais que crevaient maintenant des tranchées et des abris, tandis qu’au milieu des pelouses s’élevaient des baraques camouflées.

Vers minuit, la pluie, la pluie classique des offensives, se mit à tomber en larges gouttes. L’interprète s’abrita dans une remise avec des chauffeurs et des motocyclistes. Il retrouvait toujours avec plaisir ce petit peuple anglais, au langage véhément, mais aux pensées candides : ceux-là comme les autres étaient de braves gens, insouciants, courageux et frivoles. Ils lui fredonnèrent les dernières chansons de Londres, lui montrèrent des photographies de leurs femmes, de fiancées