Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/166

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de faux romantisme et d’entendre enfin parler français.

Puis il reprit le chemin du château ; coupant à travers champs pour reprendre la grand’route, il se rapprocha du champ de bataille. Une brigade de renfort montait en ligne ; il la longea en sens inverse avec quelques blessés auxquels il offrit un peu de cognac. Les hommes qui allaient se battre regardèrent les blessés, silencieusement.

Un obus siffla au-dessus de la colonne ; les têtes ondulèrent comme des peupliers agités par le vent. L’obus éclata dans un champ désert. Puis Aurelle, ayant passé la brigade, se trouva seul sur la route avec la procession informe des blessés. Ils avaient la fièvre, ils étaient sales, ils étaient sanglants, mais, heureux d’en avoir fini, ils se hâtaient de leur mieux vers la douceur des lits blancs.

Un troupeau de prisonniers allemands