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Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/197

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sont ceux de toute une classe ou de toute une nation, le théoricien passionné devient un prophète ou un héros, tandis que s’il se borne à expliquer qu’il aurait préféré naître empereur, on l’enferme.

— Morale, dit le major : enfermez tous les théoriciens.

— Et le docteur, dit le colonel.

— Non, pas tous, dit le docteur ; nous agissons là-dessus tout comme faisaient les anciens. Tous les peuples primitifs ont admis que le fou est habité par un démon. Quand ses propos incohérents s’accordent à peu près avec les préjugés moraux de l’époque, le démon est bon et l’homme est un saint. Dans le cas contraire, le démon est mauvais et l’homme doit être supprimé. Suivant les lieux, les temps et les médecins, la sybille sera adorée comme prêtresse ou douchée comme hystérique. D’innombrables fous furieux ont dû échapper au cabanon grâce à la