Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/253

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des millions de coquelicots qui donnaient à ces prairies mortes un chaud reflet cuivré. Quelques rosiers tenaces aux belles roses épanouies étaient restés vivants dans ce désert au-dessous duquel dormait tout un peuple de morts. Çà et là des piquets, portant des écriteaux peints, comme ceux que l’on voit sur les quais des gares, rappelaient ces villages inconnus hier, mais dont les noms sonnent aujourd’hui comme ceux de Marathon ou de Rivoli : Contalmaison, Martinpuich, Thiepval.

— J’espère, dit Aurelle, qui regardait les innombrables petites croix, tantôt groupées en cimetières, tantôt isolées, j’espère que l’on consacrera à ces morts la terre qu’ils ont reconquise et que ce pays restera un immense cimetière champêtre où les enfants viendront apprendre le culte des héros.

— Quelle idée ! dit le docteur ; sans doute on respectera les tombes, mais autour d’elles on fera de belles récoltes dans deux ans. Cette