Page:Maurras – anthinea.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
ANTHINEA

geste de sœur aînée, je la prendrai pour l’Amitié supérieure, que les Grecs ont connue et décrite parfaitement.

Tandis que la première cède au feu violent qui l’emporte : — « Ma sœur », dit la seconde à celle qui est étendue, « il est temps, levons-nous », et la troisième de ces Immortelles, au beau sein mollement gonflé et soupirant, lui répond : — « Si ce pouvait être ! » Espérance mêlée de doute, elle montre par toute sa personne vivante le combat de sa lassitude avec son ardeur.

C’est l’ardeur qui doit vaincre. On voit le sang revivre et les nerfs épars se rejoindre, un frisson réunir et composer les plis de la tunique fine et du large manteau de laine. La ceinture a glissé. La robe laisse à découvert une gorge naissante, l’épaule ronde, ferme, forte, si pleine de saveur, de finesse et de gloire qu’on n’en peut rêver de plus belle. Au plus pur de ces nobles formes découvertes, une âme exquise s’épanouit. J’admettrai que les autres personnages de ce fronton soient des dieux ou soient des déesses. Ceci est une femme, chargée de figurer le grand cas de notre destin, qui n’est peut-être que la Mort. Puisque Pallas est née, puisque, au moment où point le Jour, où se précipite la Nuit, l’Univers se conçoit dans son pur et son essentiel, la Mort accède et participe à ce mouvement accompli. La voilà devenue l’élément nécessaire de la vie