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anthinéa

Pendant qu’on admire le Stromboli, je fais mes dévotions aux beautés méconnues de Panaria. Nous en rasons de près deux faces successives. Les flancs ouest et nord de cette petite île paraissent de loin fort sauvages et je crois qu’ils sont tels en réalité ; on s’en convainc dès qu’on approche. Mais on observe en même temps que la forme de l’île est d’une grâce exquise. Je doute qu’il existe un rivage plus ingénieusement arrondi que les bords de Panaria. Enfin cette île est toute verte du côté du nord ; les pentes les plus rudes sont tendues de molle verdure, une sorte d’herbage plus touffu et plus vivace que le gazon, mais moins pâle que la bruyère, dont la fraîcheur doit plaire au toucher comme elle charme l’œil. Je n’ai pu me tenir d’y concevoir en cet avril tardif la bienvenue et comme le salut lointain du printemps de Naples.

Grata vice Veris…

Mais un brusque détour nous découvre le bord méridional de Panaria. Ici, le printemps semble dépassé. C’est l’été ou même l’automne. Des massifs d’arbres d’un gris pâle, des oliviers sans doute. Entre les oliviers, quelques maisons riantes. Le vaisseau qui s’éloigne d’elles semble fuir les images de la félicité.

Une ondée de pluie tiède tombe tout à coup sur le pont : nous nous retournons vers la droite, où