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ANTHINEA

tant sur l’Acropole qu’au musée national ces pierres liturgiques à peine dégrossies qu’on est convenu d’appeler des xoana. Le véritable xoanon, sorte d’idole primitive, fut taillé dans le bois, comme l’étymologie en témoigne. Nos xoana de pierre ne ressemblent point mal à la silhouette de quelque lourde contrebasse. Elles étaient informes. Peu à peu, si l’on veut accepter les idées qui sont encore reçues à cet égard, après mille hésitations de l’ouvrier, une tête se dégagea du xoanon ; les bras, les jambes se marquèrent, sans trop se séparer ni s’éloigner du tronc. Un équarrissage grossier acheva l’apparence humaine. M. Homolle a trouvé à Naxos l’une de ces ébauches. Plus tard et, peut-être sur des modèles égyptiens, ces figures rigides esquissèrent un mouvement ; dès lors, elles parurent, malgré l’enfance extrême ou l’absence de l’art, de mystérieux animaux dont le populaire faisait grand cas, Quand le crétois Dédale eut rapporté d’Égypte ces premières formes en marche, le Grec, encore naïf, déjà malicieux, inventa de les attacher te soir, dans la crainte qu’elles ne prissent la fuite pendant la nuit. Ainsi du moins parlent les théoriciens de l’histoire des arts en Grèce. S’ils ne se trompent pas, il faut que l’invasion dorienne ait plongé les gens du pays dans l’état de stupidité.

Ce jeune peuple grec n’avait cependant point