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ANTHINEA

XV

À l’Acropole, il n’y a guère que des ouvrages archaïques ou semi-archaïques, et des chefs-d’œuvres purs. Rue de Patissia, le musée central, extrêmement varié, permet au visiteur des comparaisons instructives. Après le laid des mycéniens et des primitifs, on peut voir le laid des auteurs de la décadence.

Je ne les voyais presque pas ; tous mes après-midi coulaient de préférence devant cette œuvre d’une pieuse volupté, le bas-relief de Cérès, de Proserpine et de Triptolème trouvé à Éleusis, ou devant les fragments rapportés d’Épidaure, deux torses d’Esculape assis, d’un aspect si majestueux que mon ignorance prit d’abord ce fils d’Apollon pour l’auguste enfant de Saturne. Je visitais aussi la Néréide équestre et cette Amazone tronquée de la tête et de tous les membres, qui enlève un cheval mutilé : puissance de l’allure et finesse des formes enivrent à jamais le regard.

Je traînais avec une complaisance presque éternelle dans la petite abside où de pauvres têtes, brisées, hachées et martelées laissent sous un angle entrevoir la majesté d’un dieu ou le rire