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ANTHINEA

latins. Placée un peu en arrière, sur un trône tendu d’étoffes et semé de clous qui furent peut-être dorés comme dans l’Odyssée, car nous savons Phidias grand lecteur d’Homère, cette femme s’épanouit comme une grande fleur d’été. En longs vêtements bien drapés, son corps palpite et goûte cette journée nouvelle ; attentive, immobile, elle s’abandonne, ainsi que son voisin, au plaisir de la renaissance. Mais elle n’est pas seule. Une compagne un peu plus grande et non moins belle, sur l’épaule de qui elle s’appuie languissamment, va modifier son attitude et son caractère, peut-être lui changer sa vie.

Ce nouveau type féminin, que l’on nous donne pour Cérès ou Déméter, est agité d’un frisson de hâte curieuse. Le bras gauche est levé. Un genou se fléchit, une jambe est tendue, et toute l’attitude tire sa raison manifeste, non plus du soleil qu’on admire sur la gauche, mais des scènes perdues pour nous qui se voyaient dans la partie médiane du fronton. Qui vient d’attirer l’attention en ce sens ? C’est une messagère, et que j’accepte bien volontiers pour Iris, tant son mouvement est ailé : le haut du corps tourné vers la scène centrale, mais lancé vers le groupe des deux femmes assises et vers l’homme qui s’éveille près du soleil, cette Iris, aussi admirable d’élan et de vitesse que l’attelage apollonien, semble apporter à tous une grande nouvelle. Le cri est