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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/105

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« faites un roi »

voulez-vous ? Où allez-vous ? Que ferez-vous ? Que pourrez-vous ? » sans qu’elles puissent rien répondre, entre l’incertitude de l’objet qu’elles visent et la mémoire insoutenable de tous leurs échecs du passé. « Améliorons ce qui existe », répète M. Piou. Justement, on vient de le faire[1]. On vient de voir aussi où s’arrête forcément l’amélioration. Elle reste bien en déçà de l’important, du nécessaire. Cette évidence n’est pas encore tout à fait comprise ? Raison de plus pour en recommencer la démonstration. Nous ne serons de bons citoyens qu’à ce prix.

Précisément parce que le gouvernement démocratique n’a pas tari les réserves morales ni épuisé les richesses matérielles de la nation ; parce que le grand cœur de la France ne s’est pas encore fatigué d’expier l’instabilité des institutions ni d’en satisfaire l’incomparable voracité ; parce que le pays produit et donne sans hésiter tout ce qu’on lui demande : très précisément, si j’étais un homme politique du parti libéral ou du monde républicain gouvernant, la spontanéité magnanime du dévouement de la nation me ferait réfléchir. Je me demanderais jusqu’à quel point, dans un pays qui prodigue avec tant d’insouciante bravoure la plus belle fleur de sa confiance, de son sang, de son or, il peut être moralement permis à

  1. Du point de vue du mérite, le vote de la loi des trois ans par la Chambre est une merveille. Du point de vue du résultat, qui seul importe en politique, il n’y a rien de plus mal venu et de plus piteux.