« Après cette agréable expérience je me sentirai tout à fait à l’aise dans nos futures relations. »
Il y a seulement trente années, tous les libéraux des deux mondes eussent couvert ces maximes de leurs vives protestations et de leurs cris perçants. Est-il possible ! « Le président est une personne », il n’est plus une « entité » ni une « incarnation » ? Il n’est plus le simple produit ni le total brut, ni la différence nette des deux totaux, ni la résultante des volontés du corps qui l’a élu, il n’est plus une glaciale figure de la Loi… Ah ! le monde a marché. Au berceau des idées « nouvelles », au cœur de la modernité constitutionnelle, on fait « l’expérience », et même, ô blasphème, « l’expérience agréable » d’une autorité vivante, animée de la volonté énergique de reprendre, pour vivre mieux, la salubre aventure du gouvernement personnel !
De l’avis de tous ceux qui voudront réfléchir à la courbe générale des idées politiques depuis 1776 ou 1789, il y a peu de faits plus significatifs ni plus harmonieux, j’entends plus en rapport avec l’ensemble de la vie politique présente. L’initiative de M. Woodrow Wilson apparaît aussi neuve, aussi moderne que la République de Lisbonne apparaît rétrograde, ou retardataire notre Comité Mascuraud[1]. L’initiative de M. Woodrow Wilson
- ↑ Chez nous, le fait de l’effort poincariste était un signe du même ordre. On vient de voir comment cet échec, dérivé du mécanisme républicain, laisse intactes les bonnes volontés spontanées de la France.