Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
26
kiel et tanger

aux élus du peuple. Ses discours furent des lectures aussi impertinentes que brèves. Comme il est vrai que l’homme est un animal gouverné, cette allure hautaine n’était pas mal accueillie des Chambres, des journaux. Les exaltés du libéralisme protestaient seuls[1]. Encore étaient-ils peu

  1. Parmi ces libéraux fidèles à la tradition du caquetage public, il faut citer M. Deschanel et M. de Pressensé. En juin 1905, peu après la démission de M. Delcassé, qui avait continué les habitudes de discrétion inaugurée par M. Hanotaux et qui n’en avait pas mieux géré nos affaires, M. Deschanel élevait ce soupir de soulagement au sein d’une Commission de la Chambre :

    « On a parfois repoussé au Parlement les interventions dans l’ordre diplomatique. Il est permis de penser, au contraire, que le contrôle parlementaire, et en particulier votre expérience et les remarquables travaux de vos rapporteurs ont rendu au pays de notables services, et que, si nous avions été renseignés à temps, certains événements eussent pris une autre tournure (!) La France peut s’expliquer librement avec tout le monde parce qu’elle n’a d’arrière-pensée contre personne et parce que ses intérêts se confondent avec la cause de la civilisation générale et du droit. » (Gazette de France du 16 juin 1905.) Ainsi, pour M. Deschanel, le remède au désordre était de l’aggraver.

    M. de Pressensé écrivait, le 10 juillet 1905, dans l’Humanité : « Ce qu’il faut par-dessus tout, c’est que la démocratie française proclame nettement, hautement, ses desseins, ses principes, ses fins en matière de politique étrangère, et qu’elle ne permette plus à un ministre infatué d’en faisifier l’esprit et de l’entraîner, malgré elle, à son insu, dans des voies aventureuses. On avait réussi à faire de la diplomatie de la République une sorte de mystère ésotérique. La démocratie souveraine abandonnait à des hommes d’État de raccroc, successeurs improvisés et mal préparés de Richelieu ou de Vergennes, une toute-puissance moins contrôlée, une irresponsabilité plus complèle qu’oncques n’en offrirent les ministres de la Monarchie absolue. Si je n’ai