Aller au contenu

Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
45
suite du système hanotaux

est mêlée à l’Affaire ! D’ailleurs, les colères et les inquiétudes sont éveillées, les factions sont en armes ! personne n’est plus disposé à faire confiance à ce cabinet ni à aucun autre, comme le prouveront la formation pénible, la vie accidentée et la chute rapide des deux ministères suivants, Brisson et Dupuy.

Déjà, M. Méline perd une fraction importante de ses premiers soutiens modérés, libéraux et opportunistes : les croyants de la doctrine républicaine d’une part, les coquins de la défense républicaine de l’autre, se sont prononcés pour Dreyfus. Dreyfus représente pour les naïfs l’incarnation souffrante des chimériques Droits de l’homme ; pour les vendus, il correspond au type réaliste et productif des droits du juif. Tout ce monde fait à l’État une guerre violente, et M. Méline n’y peut riposter que modérément. Il observe toutes les règles du jeu que l’on s’applique à violer contre lui. Ses paroles sont justes, mais faibles. Ses actes sont nuls. Son adversaire agit sans cesse et ose tout.

Un roi de France eût fait ce qu’eût fait le roi d’Italie ou l’empereur d’Allemagne : avant de laisser propager le roman de l’erreur judiciaire, il se fût assuré des perturbateurs avérés. Mais, sur les douze ou quinze personnes qu’il eût fallu arrêter dans la même nuit, M. Jules Méline reconnaissait un sénateur que son ministre de la Guerre ne pouvait s’empêcher d’appeler son « excellent » et son « honorable ami », des collègues