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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/169

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suite du système hanotaux

Le gouvernement de M. Méline dut reconnaître qu’il n’était qu’un frêle assemblage de bureaucraties mal liées. L’anarchie eut cours libre, le pouvoir seul se trouva arrêté et mis en échec. Son effort n’aboutit qu’à manifester l’intention de refuser aux juifs une revision injuste en elle-même, dangereuse pour le pays. Mais l’effort ministériel ne parvint même pas à tenter d’opposer un obstacle réel aux réalités menaçantes.

Grâce à la ferme parole de M. Méline, le droit public que l’on tentait d’usurper demeura intact, mais, du fait de son inaction, toute notre activité politique fut immobilisée, puis brisée et réduite en miettes. Qui voudra étudier le détail de cet épisode[1] verra comment un honnête homme peut, sans forfaire à son honneur, par simple ignorance politique, commettre, au moment du danger, une désertion fertile en désastres[2].

Ces vérités n’enlèvent rien à l’estime personnelle due à M. Méline, dont la politique agricole sauva un intérêt français. Il eût pu faire un bon

  1. On en trouvera tous les faits dans l’admirable Précis de l’Affaire Dreyfus, par Henri Dutrait-Crozon, — La position juridique de M. Méline, en 1897, lorsqu’il opposa un ferme refus, fondé sur des motifs absolument inattaquables, à ceux qui voulaient lui imposer l’initiative d’une revision, a été indiquée dans ma préface au premier ouvrage de Henri Dutrait-Crozon : Joseph-Reinach historien, pp. xv et xvi, surtout à la note de la page xv.
  2. Un ami de M. Méline, M. Judet, appelle cette désertion la « grande défaillance gouvernementale de 1898 » [Éclair du 7 septembre 1909].